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Comme les Mémoires de Naundorff, qui reparurent sous différents titres et sous différents noms, certaines parties de ces volumes, à chaque édition nouvelle ou peu s’en faut, se trouvaient modifiées profondément. L’impudence d’une assertion avait-elle été démontrée de façon péremptoire : avec tranquillité on la remplaçait, quand c’était possible, par une autre assertion. On effaçait un détail controuvé, on inventait un détail nouveau. Et Naundorff, lui-même, n’hésitait pas à se rétracter !

Dans ses nombreux ouvrages, Gruau fait preuve d’un esprit des plus retors et d’un sans-gêne des plus extraordinaires. Par exemple, il emploie constamment un procédé fort malhonnête, qui consiste à s’appuyer, en les donnant comme authentiques, sur les Mémoires apocryphes de l’époque ; il tire notamment, avec une effronterie étonnante, une bonne partie de ses billevesées des romans de Lamothe-Langon. La mauvaise foi de l’ex-magistrat suffirait pour enlever tout crédit à ses multiples volumes, quand bien même ce malheureux n’eût point démontré vers la fin de sa vie, par son grotesque et dernier avatar, que tout ce qu’il avait écrit ne méritait aucune confiance.

C’est néanmoins dans l’œuvre de Gruau qu’ont puisé, que puisent encore ceux qui se sont présentés après lui pour défendre les Naundorff. Le plaidoyer de Jules Favre en est un simple résumé. Toutes les affirmations de Gruau, Jules Favre s’est empressé de les admettre, comme paroles d’Évangile, sans