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à des révélations de personnes sans discernement, et surtout à des assertions renouvelées par quatre ou cinq individus qu’on doit reconnaître pour des fripons[1]. »

Du reste, bien que Naundorff ait eu de nombreux partisans, il ne faut pas s’imaginer pour cela qu’il en ait eu autant, et de si haut placés, qu’il l’a prétendu. Exemple : il rangeait parmi ses fidèles M. de Joly, ancien ministre de Louis XVI, et la Survivance ne manque pas de faire valoir l’importance d’un tel témoignage. Or, à ce propos, je citerai les quelques lignes suivantes, empruntées à l’un des quatre articles très intéressants que, sous le pseudonyme de Pierre d’Attente, M. le vicomte Oscar de Poli a consacrés, en 1883, dans le Clairon, à notre aventurier : « Un truc de Naundorff, dit M. de Poli, consistait à affubler de la croyance à son imposture

  1. Ce n’est point à ce signe sur la cuisse que Mme de Rambaud, ancienne femme de chambre de Marie-Antoinette, crut reconnaître le dauphin en la personne de Naundorff. Elle ne dit même jamais un mot de ce fameux signe, « dans un sentiment de décence que tout le monde comprendra », écrit en baissant les yeux la Légitimité. Mme de Rambaud fut conquise, d’une autre manière. Lorsqu’on la mit en présence de l’aventurier prussien, – c’était en 1833, – elle lui fit voir un petit manteau porté une seule fois par le prince, à l’âge de cinq ans, et qu’elle avait conservé comme une relique précieuse. Non seulement Naundorff reconnut le manteau, mais il se rappela même à l’occasion de quelle fête il l’avait mis. Tant de mémoire, au bout de quarante et quelques années, chez un homme, victime, depuis son enfance, d’un si grand nombre d’aventures, me semble chose suspecte, et j’en infère que l’imposteur avait été averti, ce qui est d’autant plus facile à croire, que tous les amis et connaissances de l’ancienne femme de chambre savaient évidemment qu’elle possédait ce manteau.