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nombre de fidèles. Je ne discute pas : la chose paraît véritable ; bien que Thomas, qui fut longtemps de ses intimes, ait soutenu le contraire, j’admets que Naundorff avait sur la cuisse, naturellement ou grâce à un tatouage quelconque, un pigeon plongeant, les ailes ouvertes ! Ce qu’il aurait fallu démontrer, c’est que le Dauphin portait le même signe. Ceci n’a pas été fait. La chose a été certifiée par une attestation de Louis XVI et de Marie-Antoinette, déclarait Naundorff, attestation cachée dans un des murs du Temple. Dans quel mur ? Dans quelle pièce ? Et comment s’en assurer ? Il parlait aussi d’un témoignage du docteur Jeanroi, mais ne produisait aucune preuve à l’appui de son dire. Qu’on n’oublie pas d’ailleurs que Jeanroi, mis en présence du cadavre de l’enfant mort au Temple, a plusieurs fois affirmé qu’il avait reconnu Louis XVII. Le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville qui, pendant quelque temps, fut aux trois quarts pris dans les rets de l’imposteur, ayant interrogé les souvenirs de la famille de Mme de Tourzel, il lui fut certifié que « le Dauphin ne portait point sur la cuisse cette empreinte ». Le vicomte de La Rochefoucauld ne se tint pas pour convaincu ; il écrivit à la duchesse d’Angoulême, qui dicta, le 28 avril 1836, à M. de Montbel, la réponse que voici : « La foi est respectable, même dans ses abus, mais les personnes obligées par leur haute position à agir avec une sage réserve, ne doivent pas encourager des croyances