Page:Vers et prose, tomes 5-8, 1906-1907.djvu/7

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Hamlet. Elles ne surent point guider le voyageur, et il demeura seul à analyser son désarroi, devant le Parthénon mutilé, sur la place occupée naguère par la tour franque.

Revenu dans sa Lorraine natale, il contemple, à Chamagne, les prairies automnales transfigurées par un rayon de la lumière antique. Et il se souvient que dans ce pauvre village naquit Claude Gelée.

Ah, si Barrès s’était fait accompagner par l’ombre amie de ce grand peintre ! ils se seraient aiis tous les deux, à l’heure du crépuscule enflammé, au bord du Céphise, ou sur le rivage de Phalère ; et Claude Gelée aurait dit à son compatriote, avec un tendre sourire :

— Le sang lorrain coulait dans mes veines, et mes pinceaux jetèrent sur la toile le plus pur de l’âme attique. J’aimais cependant bien nos mirabelliers.


... A vrai dire, Maurice Barrès pouvait monter seul, et d’un pas sûr, les marches des Propylées. Ecoutons sa plainte, qui est mélodieuse et remplie d’une agréable coquetterie. Bénissons sa mauvaise humeur : elle est féconde et va le ramener bientôt, par un détour, à une notion très fine de la nature et de l’art attiques. Après cela, s’il doute encore et se désole, c’est à l’honneur de sa délicatesse.

Lorsqu’en foulant le sol de l’Agora, il nous dit avec esprit que Pallias-Athéné fut quelque chose comme la raison d’Etat, soyez tranquilles ! Il sait bien que la déesse ne laissa tomber sa lance que pour rayonner d’une sagesse et d’une beauté éternelles. Depuis des siècles,