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A chaque nouvelle production, le talent de Maurice Barrès gagne en hauteur, en vigueur, en pureté. On connaît le charme de ses premiers ouvrages. Ses grands romans firent voir qu’il excelle aussi dans le sévère et l’étoffé. Du Sang, de la Volupté et de la Mort, enivre et parfume. Et voici que le Voyage de Sparte récapitule et renforce tous ces dons précieux d’un tempérament souple et solide.

Les remarques y sont choisies, les descriptions d’une belle brosse. Ici, la passion tamise l’esprit, là l’esprit, la passion. Quand l’auteur parle de Phidias ou d’Anaxagore, il enseigne sans peser. L’épisode de l’Arménien Tigrane touche comme une élégie ; l’assassinat de Capo d’Istria est une estampe.

Barrès a-t-il méconnu l’Attique ? Nous verrons tout à l’heure comment ses doutes et ses scrupules s’arrêtèrent soudain devant Pallas-Athéné, tels les coursiers du fils d’Hyperion, le jour où la déesse jaillit de la tête paternelle.

Enfin, offrande encore à la Grèce, le livre est dédié à Mme la Comtesse de Noailles, sœur d’Erinna et qui comme elle, compose ses vers avec le miel des Muses.


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Barrès avait amené à Athènes les ombres de Byron et de Chateaubriand. Ce sont des ombres pompeuses, qui parlent sans doute fort bien, mais avec cet accent rauque, parfois, du vieux spectre romantique avertissant