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RÊVE D’ÉTÉ

(Sogno d’estate)



C’est parmi le fracas rythmé de tes batailles,
Homère, que le poids de la chaleur solaire
vainquit mon corps, et j’inclinais ma tête
assoupie sur les bords parfumés du Scamandre !…
Mais mon cœur s’évada vers la mer Tyrrhénienne.

Et j’ai rêvé longtemps aux paisibles douceurs
de mon enfance… et j’oubliais mes livres en rêvant.
La chambrette embrasée par un soleil torride
et toute secouée par les sursauts tonnants
des chariots sur les dalles s’élargit brusquement.
Et voici qu’à miracle je vis autour de moi
surgir tous mes coteaux aux versants escarpés
que l’Avril puéril éclaboussait de fleurs…
Par la pente adoucie des prairies vers la mer
descendait doucement un murmure d’eau vive
qui se muait en frais ruisseau… et sur la rive
j’ai revu tout à coup ma mère épanouie
de force, qui marchait en traînant par la main
un jeune enfant tout ruisselant de boucles d’or.
L’enfant marchait à petits pas glorieux
tout fier d’être abrité par cet amour sans bornes