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MAURICE BARRÈS ET L’ATTIQUE


Pour être admiré, Maurice Barrès n’avait aucunement besoin de son entrée à l’Académie. Il faut cependant nous en réjouir. Une vie de grand artiste, harmonieuse dans le bonheur, n’est pas chose commune.

Un talent supérieur s’accommode, certes, de la mauvaise chance et des embûches du destin. Mais quel sombre plaisir de le constater !

Sans parler des exemples célèbres, qui foisonnent, n’avons nous pas eu sous les yeux celui de Paul Verlaine ? Ce poète a vécu dans une discordance qui était une parfaite harmonie : ses malheurs et ses fautes ne lui firent point transgresser la règle de l’Idéal.

Je songe à son enterrement par une matinée d’hiver. Un blanc soleil rayonnait sur la ville, plein d’allégresse, malgré son peu de force et la bise aiguë. On descendit le cercueil, de cette maison d’un vieux quartier, morne et chancelante, où le poète s’était éteint. Après l’absoute, dans le joli décor de Saint-Etienne-du-Mont, le convoi traversa Paris. Les Lettres et les Arts accompagnèrent pieusement la dépouille de Paul Verlaine au doux cimetière des Batignolles.

Je n’ai oublié les paroles, nobles et véhémentes, que Barrès fit entendre sur la fosse du poète...