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Lorsque je respirais là-bas, j’était trop jeune, trop partie inhérente de ce qui m’entourait, et l’amertume du charme athénien ne descendait point de mes lèvres jusque dans mon cœur.

Depuis trente ans, je fis deux courtes visites à ma ville natale. La première fois, la tendresse se mêlait encore à mon admiration ; mais le seconde fois, je ne tremblai plus, et je demeurai résigné devant les merveilles de la nature et de l’art.

Quand ce n’est point la curiosité, ni la soif de la science qui mènent les pas parmi les débris de la gloire humaine, entre le Parthénon et l’Erechthéion, alors l’on voit dans son âme et l’on y puise la force de se griser de toute cette mort comme d’un élixir de vie...


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Maurice Barrès a senti vivement combien tout dans ce pays de l’Attique répugne au théâtral.

A Sparte, Chateaubriand poussait des cris, en appelant Léonidas. Mais à Salamine, au milieu d’une nuit translucide, tandis que le rythme des vagues battait le rivage, en se souvenant de Thémistocle, il n’osa point rompre le silence d’une nature si divine.

Je vous avertissais que, par un détour, Barrès devait aboutir à une notion très fine de l’Attique et de son art. Déjà, au plus fort de ses anxiétés, il note :

« Après trois semaines d’Athènes, j’ai trouvé sur l’Acropole la révélation d’une vie antérieure qui ne peut