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II

Le Travail de la Passion.

Quand la porte angélique, flamboyante et retentissante de luths, s’ouvrira,
Quand une immortelle passion respirera dans la mortelle argile,
Quand nos cœurs endureront la couronne tressée d’épines, la voie encombrée,
Les fouets noués, les mains percées de clous, le flanc blessé,
L’éponge lourde d’hysope, les fleurs au bord du Cédron,
Nous nous inclinerons et épandrons nos chevelures sur vous,
Afin qu’elles s’imprègnent d’obscurs parfums et s’alourdissent de rosée,
Lys de l’espoir pâle comme la mort, roses du rêve passionné !



III

O’SulIivan Rua à Marie Lovell.

Quand mes bras t’enserrent, j’appuie
Mon cœur sur la beauté
Qui s’est depuis longtemps évanouie du monde :
Les couronnes lourdes de joyaux que des rois ont lancées
Dans de ténébreux étangs, quand leurs armées fuyaient ;
Les contes d’amour dessinés avec des fils de soie
Par de rêveuses dames sur des tissus
Dont s’est engraissé le ver destructeur ;
Les roses que dans les temps anciens
Les dames emmêlaient à leur chevelure
Avant qu’elles ne noyassent les regards de leurs amants