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Dans un crépuscule agité de sourds soupirs ;
Les lys froids de rosée que les dames portaient
Au long de plus d’un couloir sacré
D’où s’élevait un encens si ensommeillant
Que seuls les yeux de Dieu ne s’y fermaient pas.
Car ce front obscur et cette main languissante
Viennent d'un pays plus lourd de rêves.
D’un temps plus lourd de rêves que les nôtres.
Et quand tu soupires entre tes baisers.
J’entends aussi soupirer la pâle Beauté
Aspirant aux heures où tout s’évanouira comme la rosée,
Jusqu’à ce que rien ne reste que trônes sur trônes
De séraphins dont chacun méditera, solitaire.
Une épée posée au travers de ses genoux de fer.
Sur ses plus secrets mystères.

W. B. YEATS

Traduit de l’anglais par stuart merrill.