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III


Or, voici que les eaux glauques se font de lait ;
La mare est un lac clair, les cieux scintillent mauves,
Des lucioles, gais éclairs emmi les sauves
Gemment l’air et, grisant, fleure le serpolet.

Et puis, tandis que les roseaux en ce décor
Élèvent leurs voix d’or vers la bonté mystique,
Il s’en dégage comme un très subtil cantique,
Vagues soupirs, douceur de flûte, éclat de cor.


IV


Mon cœur, toi que j’avais cru mort, glacial cloître,
La foi sonne sa cloche, et tu revis aussi,
Son clair de lune brille au-dessus du souci,
Et la nuit de tout sort est réduite à décroître.

Au delà de la vie est l’aube très suave…
Mon cœur, mon pauvre cœur, triomphe, racheté,
Les cieux coulent en toi l’ineffable Léthé…
Ah ! seul le linceul est l’auguste laticlave.


ALEXANDRE MACEDONSKI