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méchanceté de l’enfant. Et dans l’enfant, que la femme connaît la méchanceté de l’homme.

Tout donner et ne rien attendre : c’est du cœur que je parle, en amour. Malheur à qui attend, ne fût-ce que l’oubli d’une femme. L’oubli leur est encore une arme pour frapper. Et le pardon en est une autre. Dans l’homme, c’est la patience : elle travaille une femme à coups de stylet.

Faibles pour nous donner du repos, bien fortes pour nous l’ôter. Faibles pour nous sauver, fortes à nous perdre.

— Mais toi, dit Hélène à Pâris, en m’enlevant ne te flattais-tu pas de me sauver ?


PÂRIS ET HÉLÈNE

Elle. — Tu reviens dans mes rêves, et je te retrouve jusque dans mon sommeil. Je te désire et je te crains. Mais en vérité si je te reconnais, c’est surtout au repos que tu m’ôtes. Vois comme tu me parles durement. Et tes yeux sont si durs sur ma face : ils lapident mes lèvres.

Lui. — Dur ? peut-être. Il faut bien que je me fasse dur, si je veux vivre. Je dois me roidir. J’ai honte de céder à la tourmente.

Elle. — Meurs plutôt dans mon amour.

Lui. — Tu le voudrais ? Non. Il faut que je m’endurcisse, mais pour supporter tant de souffrance, — l’amour que j’ai et l’amour que tu as pour moi.

S’appartenir : c’est le vœu de l’homme qui doit agir ; et quel