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SUR LE MONT MARIUS


Sul monte Mario


Solennels et debout sur le mont Marius,
se dressent les cyprès parmi la lumineuse
sérénité du soir, pour contempler au loin
la coulée somnolente du Tibre qui serpente
dans la grise campagne.

Ils contemplent sous eux la vaste Rome qui s’allonge
pour se coucher dans le silence, et l’énorme Saint Pierre
comme un berger géant, en sentinelle
sur d’immenses troupeaux.

Versez, versez à flots votre vin généreux
et blond, ô mes amis, qui buvez en liesse
sur la colline heureuse !… Faites que le soleil
rutile dans vos coupes !… Oh souriez, les belles !
car nous mourrons demain !

Ma belle, laisse donc s’étioler dans le bois
la feuille du laurier !… laisse-la toute seule
jouir de son éternité !… À moins que tu ne veuilles
en orner tes cheveux, afin que le reflet
de sa verdeur y luise atténué !