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L HOMOPUOME IQ^

rM^(r^ interminables (i). Puisque la laisse est inconnue des Irlandais, on jieut se demander si les Bretons ne nous l'ont pas empruntée Oi). Bref, l'hypothèse de Zeuss est inutile et ne repose sur aucune preuve.

2° L.V RIME CHEZ LES ANGLAIS.

§ igi. Nous savons que chez les Germains les deux hémistiches du vers allitéré étaient rattachés l'un à l'autre par l'allitération, qui faisait ressortir les principaux temps marqués et était mise elle-même en relief par leur forte accentuation (3) : les deux fortes du premier hémistiche, au moins la plus accentuée, c'est-à-dire presque toujours la première, allitèrent avec la première forte du second. On a ainsi deux ou trois lettres allitérantes (en vieux norrois stafir ou hljôâstafii-) ; celle du second hémistiche s'appelle let- tre dominante (Jipfiidstafr^, parce qu'elle règle l'allitération (jJï'âr kvedandi); les autres ont reçu le nom de lettres d'appui {stuâlar^. De même que Boi- leau conseillait à Racine de commencer par trouver le second vers du distique rimé, il semble bien que les poètes germains aient été enclins à faire le se- cond hémistiche de leur vers avant le premier; celui-ci contient souvent des appositions, des épithètes, des compléments, des exclamations, des locu- tions toutes faites. Dans la poésie v.y-y. Qv.yyt des Germains Occidentaux et surtout des Anglo-Saxons, tandis que l'allitération réunit les deux hémis- tiches du même vers, le sens en rattache d'ordinaire le second hémistiche au premier du vers suivant (4). Ce croisement de l'allitération et du sens engrène les phrases l'une dans l'autre, ne permet pas au sens de s'arrêter avant la fin de la tirade et convient ainsi tout à fait \\ la poésie épique :

■Pâ wa?s Ilrôdgâre hors gebâ'ted,

wicg wunden-feax. Wisa fengel

geatolic gengde ; gum-fëda stop

lind-htebbendra. Lâstas Wiêron

œfter wald-swadum wîde gesyne,

gang ofer grundas, ^icr hêo gegnum for

ofer myrcan môr, mago-^egna b.ner

^one sêlestan sawol-lêasne,

^âra ^:)e mid Hrôdgâre hâm eahtode (5).

Bëowulf, i^oosuiv.

(i) Le plus long que je connaisse dans le théâtre grec contient Gi dimùtrcs anapestiquos (Aristophane, ^iuécs, 889-9^8). Il y a dans Gormund et Isembard une laisse de 120 vers asso- nant en e. La poésie narrative se prête mieux que le drame à de semblables r.'/'.'(r^.

(2) Les Gallois connaissaient notre littérature.

(3) Il me semble bien dilTicile d'attribuer une influence à l'intonation dans le choix des syl- labes allitérantes, comme le propose M. Morgan (Paul-Braunc, licilriifje, XXXIII, p. gS et suiv.). En tout cas, on ne peut restituer cette intonation que par des hypothèses dénuées de preuves, que par de simples suppositions.

(4) Alliléralion disjointe. Cp. la rime disjointe (allem. Reimbrechunçj) du moyen haut-allemand et de certains de nos vieux poèmes, p. ex. de Resveries (Bartsch, Chreslomathie, 5« éd., p. 363 et suiv.) et des pièces de théâtre en octosyllabes (au moins entre répliques). — V. Add.

(5) Toute la poésie des anciens Scandinaves est en strophes de quatre grands vers, divisées par