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l66 ESTHÉTIQUE DU RYTHME

chez Otlrid, et en Angleterre dès la fin du x", dans la Chronique anglo- saxonne (i).

6" Le veus anglais.

§ i64- Sous l'influence de l'octonaire et du septénaire des hymnes la- tines et plus tard des octosyllabes français, influence qui s'exerça d'abord par l'intermédiaire du chant, la rime finale s'introduisit en Angleterre comme en Allemagne, et le mètre du vers national revint à sa forme pri- mitive, les quatre cléments se développant en quatre pieds, mais avec anacruse facultative et suppression ou redoublement facultatifs des faibles intérieures (2). Deux des fortes continuent à l'emporter sur les autres en intensité, et Otfrid les marque d'un accent, pour qu'on ne s'y trompe pas. Ex. (grand vers) :

Thrtr ist 1/b 5na téd, l/'oth 5na fmstrZ(3).

Otfrid, I, 18, 9.

En Angleterre, Layamon employa le même mètre dans les 32 25o petits vers de son Brut (fin du xii® siècle). J'en ai cité plus haut quelques exemples (§ i[x!i-\l\o)' En voici d'autres :

«Pa côm lîim to an hende cniht. Bi us hë sende wQrd ÇQ (4). Arthur is ^e këneste mon. Ofte wes ^e drake buven. Mid seolvre and mid gôlde(5). ■Peines wunder blî^e (6).

(i) Ms. DE an. 959 (règne d'Eadgar), an. 976 (mort d'Eadgar) ; CD an. io36 (mort d'^Elfric) ; E an. 1087 (règne de Guillaume le Conquérant). Les derniers exemples de vers allitércs qui observent encore les vieilles règles sont les vers de la Chronique sur la mort d'Eadweard (an. io65) et le poème sur Durhani (xii" siècle).

(2) V. surtout Sievers, Die Entslehumj des deutschen Reimverses (Paul-Braune's Beilriige, XIII, 121-166 ; (bibliographie) Braune, AUhochdeutsches Lesebuch, 5« éd., Halle, 1902, p. 1 8/1 et suiv.) ; Luick, Paiil's Grundriss, 1'^ éd., II, 3, etc. On ne saurait voir dans levers d'Otfrid une simple continuation du vers allitéré normal, comme le pense ^I. Luick : il ressemble encore de de très près aux cinq types dans les premiers chapitres du Krisl ; mais il s'en éloigne ensuite de plus en plus, au fur et à mesure que le poète apprend par l'exercice à mieux adapter le vers indi- gène au rythme des hymnes latines. L'imitation est toujours restée imparfaite, il est vrai, sous le rapport du syllabisme, du Xo'yo; -oor/.o; et de la forme dipodique. Ace dernier point de vue, il est probable que si Otfrid indiquait les fortes principales, c'était précisément pour empêcher le lecteur de violer l'accentuation en adoptant partout le rythme (x)| x x j a; x| xx j x. Cepen- dant plus de la moitié de ses petits vers ou hémistiches (7079) se composent de deux dipodies décroissantes. — Les mêmes remarques s'appliquent à la versification anglaise du moyen âge ; mais à côté des hymnes latines, il faut ajouter la poésie française. Layamon a traduit le Brut de Robert Wace.

(3) FfFFfF, FFfFF. Cp. dans le Miispilli (en vers allitérés) : Dâr ist lîp âno tôd. lioht âno fmstri (B -+- A). Otfrid reproduit ce vers sans même y ajouter la rime.

(4) Cp. : I took him by the left leg {Nurscn rhviney

(5) Cp. : And in my lady's chamber (ib.). (G) Cp. : GoOsey, gOOsey, gander (ib.).