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ORIGINE ET ÉVOLUTION DES MÈTRES POÉTIQUES l55

4° Le vers ras-latin et le vers roman.

§ lôy. Cependant, laccentuation et la quantité se transfoiniaient peu à. peu de la même manière qu'en grec (i). Cette évolution était accomplir dès le m" siècle de notre ère (2). Les poètes instruits continuèrent à appli- quer tant bien que mal les lègles de la versification quantitative ; mais ce- n'était plus là qu'une versification factice. C'est d'après le principe accen- tuel, au contraire, que le peuple adapta désormais les paroles de ses nou- velles chansons aux rythmes connus et familiers, c'est-à-dire au mètre musical des septénaires et des octonaires (3). Les premiers exemples qu'on en puisse citer sont précisément calqués sur le plus employé des septénai- res, sur le septénaire trochaïque (v. § 167, U).

Septénaire sans anacruse : Mille, mille, mille, mille, mille decoUauimus, Vnus homo mille, mille, mille decoUauimus. INIille, mille, mille, mille, uiuat! mille occidit; Tantum uini nemo habet quantum fudit sanguinis.

Chanson du III siècle sur Aurélien (V. Add.).

Ce sont bien là des vers accentucls (v. § i44)- On peut les regarder comme quantitatifs en même temps, puisque l'accent avait allongé les voyelles toniques brèves (Juibel, Jiômo); mais le rythme, aussi à ce point de vue, repose sur l'accent. 11 en est de même dans les vers de saint Augus- tin contre les donatistes (SgS ap. J.-C), qui reproduisent sous forme accentuelle le rythme de l'octonaire trochaïque :

Oclonaire sans anacruse : Omnes qui gaudetis [de] pace, modo uerum iudicate. Abundantia peccatorum solet Iratrcs conturbare :

etc. (^1).

(i) Comme en grec, l'intoiiatiuii fixe a été rt'mplacéc par un accent (J'inlcnsilé). \' . Vendryes,. /. c, p. 22-36.

(2) Seruius (Keil, IV, /126) et Pompeius ((6., V. 12G et suiv.) nous apprennent que de leur temps la syllabe accentuée plus sonat. Pour Quintilicn, déjà, l'accent latin se distinguait de l'ac- cent grec par son ri(ior (XII, 10, 33).

(3) IJède se rendait encore parfaitement compte de celle adaptation, qui, sans observer aucum règle de quantité' (inelrica ralio), conservait néaimioins le rythme (modulatin) du mètre imité ou |)liit(Jt de l'air adopté : « Metrum est ratio cum modulationc : rlivthmus modulatio sine ratione : [)lerumquc tamen casu quodam iiiuenies etiam rationem in rhvtbmo non artifici moderationc seruafam, sed sono et ipsa modulationc duccnte, quem uulgares pocta? nocesse est rustice, docli faciant docte : quomodo et ad instar iambici metri pidcherrime factus est iiymnus ille praecla- rus : Rex ajterne Domine... Et alii Ambrosiani non pauci. Item ad formam metri trochaici canunt hymnum de die iudicii per alphabetum : Apparebit ropentina... (Keil, VII, p. 208). — Soit dit en paï<sant, cette dernière remarque de Hède prouve bien que le chant ecclésiastique était mesuré.

(4) « Volens ctiam causam donatistarum ad ipsius humillimi uulgi et omnino imperitorumi