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Cette distiuclion ne peut se l'aire ni en principe ni en pratique : le sens du rythme ne peut mesurer les mesures composées que de temps marqué principal à temps marqué principal ; on ne peut les noter qu'en les faisant commencer par le temps principal (cp. g ii.')). Il arrive ainsi parfois que la première mesure composée d'un morceau est précédée d'une mesure simple faible, (lomnie celle-ci a l'air d'une mesure composée incomplète, dont le temps marqué principal serait remplacé par un silence, on dit que x^'est une mesure décapitée ou acéphale (i). 11 ne faut pas confondre la mesure décapitée avec l'anacruse. La distinction n'est pas toujours facile*, par suite de l'Intensité et de la longueur que dans l'exécution on donne parfois à l'anacruse. ^lals celle-ci ne se compose que de temps faibles, tan- dis que la mesure décapitée contient un temps marqué secondaire, qui peut être précédé d'une anacruse.

Pour plus de commodité, malgré les lemarques précédentes, on dit souvent que le rythme est formé de dipodies (tripodies) décroissantes ou croissantes, suivant que le morceau se décompose régulièrement en grou- pes présentant une mesure forte suivie ou précédée d'une mesure faible (de deux mesures faibles) (2).

§ 117. Notre classification des mesures présente des complications tout ^ fait inutiles en principe. L'unité de durée, la ronde, est abstraite h deux points de vue. i" Elle n'est presque jamais représentée par un son et elle clépasse la durée de toutes les mesures simples excepté 2/2. 2" Elle n'a pas de valeur fixe : sa valeur, ou plutôt celle de sa fraction qu'on choisit pour représenter le temps, varie d'un morceau à l'autre avec le mouvement ou tetiipo (ày^^YÔ) indiqué par le compositeur (allegro, anclante, etc.), aussi bien ^ue dans un seul et même morceau avec les variations du mouvement (ac- ■celerando, ritardando, etc.)(3). Pour indiquer la durée exacte des sons, on

(1) Cp. ^taillis Lussv, l. c, p. i5.

(3) Dans plus d'un morceau de musique, j'ai cru l'observer, on a mal noté les mesures com- posées, en les remplaçant par des dipodies croissantes : au lieu de mettre en tète de la phrase^ une mesure décapitée, on a tracé la barre avant le temps fort secondaire, si bien que les préten- dues mesures (composées) commencent toutes par la mesure (simple) faible. Cette erreur esl évidemment regrettable : quand elle n'entraîne pas une exécution défectueuse, elle peut faire croire à une irrégularité du rythme ou à l'inexactitude de notre notation (v. par exemple, Em- manuel, S. /. M. y IV, 5, i5 mai 1908, p. 538 et suiv.).

(3) La durée de la mesure simple a un maximum et un minimum. Au delà de ces limites, elle court risque de nous échapper par suite de la fatigue de l'attention : au-dessus, parce qu'il y a une trop forte dépense d'énergie avant la détente qu'amène le retour du temps marqué ; au- dessous, parce que les efTorls de l'attention se succèdent avec trop de rapidité. D'après certaino expériences de physio-psychologie,]a durée d'intervalles vides doit être de o sec. ,2 à i seconde uu en tout cas à moins de 2 secondes (v. ^^'undt, Physiol. psychol., III, p. 22 et suiv.) ; quand l'inlcr- valle n'est pas vide et se décompose en plus courts, la limite supérieure peut atteindre jusqu'à !^ et même 5 secondes dans les circonstances les plus favorables (v. /6.,p. 48-49 et 355). D'autres fixent pour le « pouls de l'attention » une durée de i à 2 secondes (v. Scripture, /. c, p. 023). Cp. III"^ Partie, Livre II. — Il faut bien, d'autre part, que les sons aient une durée suffisante pour être appréciés : « A succession of noies can be heard when each tone lastsat leasto.oS s. » (Scripture /. c, p. 109 ; cp. Wundt, l. c. II, p. 106, III, p. 36 et 46). Deux vibrations suffisent à faire reconnaître un son comme tel et même, pour une oreille très exercée, à faire distinguer la hau- teur; pour une oreille moins exercée, il en faut 16 dans le dernier cas (v. ^^ undt, /. c. II, p. 81).