Une voix indignée se fit entendre.
— La liberté, comme vous dites, par le fer et par le feu ?
— Eh bien, et 92 ? et Jourdan, et Marceau ?
— Et Napoléon, hein, pendant que vous y êtes, reprit le protestataire, en voilà un semeur de liberté, celui-là !
Immédiatement, la salle se divisa. Les esprits, échauffés, ne se contenaient plus. Des injures s’échangèrent. Le gérant dut intervenir.
Un petit homme maigre grimpa sur une table.
— Allons, allons, camarades, cria-t-il, vous n’allez pas vous battre stupidement, alors que la France a besoin de nous tous.
Cette belle phrase apaisa les cerveaux. On acclama le pacificateur.
— Vive la France ! cria-t-on.
Les deux ménages Bournef avaient assisté à toute la scène. Près d’eux un sceptique dit à mi-voix :
— Vive la France et crèvent les français !
Maurice sourit tristement.
— Très juste, hélas ! dit-il.
Le sceptique se retourna vers lui.
— Et quand il n’y aura plus de français, monsieur, cela fera une très belle France. Tous ces gens-là sont fous !
En ce moment un nouvel arrivant se dirigea vers les deux frères, leur serra la main.
— Vous connaissez la dernière nouvelle ?
— Laquelle ?
— Gustave Hervé s’engage !
— Gustave Hervé ?
— Hein, vous n’attendiez pas celle-là. Mais tout arrive, nous en avons la preuve depuis quelques jours…
— Non, mais ce n’est pas sérieux ?
— C’est très sérieux. Il en a fait la déclaration pu-