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LA NOUVELLE ÉQUIPE

encore. Tous ceux qui étaient là commentaient la déclaration de guerre.

— Cette fois, disait un homme grisonnant, à l’air important, cette fois ça y est. Et l’on ne peut pas dire, remarquez-le, que la France y soit pour quelque chose. L’Allemagne l’a voulu, et il n’y a pas à hésiter, il faut lui donner une leçon.

— Il faut aller à Berlin.

— Il faut leur rendre leurs politesses de 70 !

— Ces gens-là s’imaginent trop facilement qu’ils sont les maîtres du monde.

— Remarquez, fit un nouveau-venu, que cette guerre sera libératrice, et non seulement pour l’Europe, mais pour le peuple allemand lui-même. Elle va exterminer le militarisme allemand. Avec la Russie de l’autre côté, nous sommes certains d’écraser l’Allemagne.

— Bien sûr !

— La Victoire est pour nous, ça n’est pas douteux.

— Que voulez-vous, continua l’orateur, il y a des exécutions nécessaires. Qu’on démolisse le Kaiser et son état-major, d’abord, qu’on anéantisse l’armée allemande. Quant au peuple allemand, lui, nous ne demandons qu’à l’épargner. Il nous sera reconnaissant, d’ailleurs, de l’avoir débarrassé de la tyrannie de ses empereurs.

Maurice se tourna vers Léon.

— C’est prodigieux, dit-il, comme la magie des mots obnubile le bon sens. Personne ne songe que l’anéantissement de l’armée allemande, c’est en même temps l’extermination du peuple allemand, puisque c’est le peuple qui fait l’armée. Comment serait-il possible d’épargner l’un en exterminant l’autre ?

Cependant, le monsieur grisonnant avait repris la parole pour dire sur un ton de pontife :

— C’est le rôle de la France, de porter la liberté aux peuples.