Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Vive la France ! cria une autre.

— Vive l’active ! Vive la France ! reprit la foule dans un élan.

Un loustic lança :

— Allez-y les p’tits gars’. Et à Berlin, hein ! Faut faire danser Guillaume.

Ce fut une gaieté générale. La police, complaisante, se bornait à repousser l’assistance sur le terre-plein pour laisser la chaussée libre aux soldats qui sortaient de la caserne et prenaient la direction du boulevard Magenta.

— Ce sont des régiments d’active qui s’en vont aux gares de l’Est et du Nord, dit Léon.

Appuyée au bras de Maurice, Jeanne regardait défiler les jeunes gens imberbes, aux visages si frais encore. Ils paraissaient insouciants, et la plupart riaient des bons mots de la foule. Jeanne, douloureusement impressionnée, contemplait cette jeunesse, vouée déjà au meurtre. Elle chercha la main de Maurice, la serra.

— Tant de vie ! dit-elle sourdement, tant de vie qui s’en va à la mort.

Puis tout à coup :

— Ah ! Maurice, où sont les mères ? Ils ont des mères tous ces enfants-là.

— Oui, Jeanne, ils ont des mères.

— Maurice, si nous rentrions à la maison. Puisqu’il n’y a plus rien à faire, ne restons pas ici.

— Nous partirons aussitôt après notre visite à la Fédération, ma chère femme. J’ai bien compris ta pensée.

La troupe passée, la circulation put être reprise. Les quatre Bournef, silencieux à présent, prirent la direction de la rue du Temple.

Comme la veille, la grande salle de la Maison Commune était pleine. Mais l’exaltation y était plus grande