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LA NOUVELLE ÉQUIPE

sophique, appuyée le plus souvent sur une apparence scientifique de peu de valeur.

Jacques Bourdeau, lui, pendant ses années de jeunesse, avait assidûment suivi les cours et conférences de l’Université Populaire du faubourg Saint-Antoine, l’une des meilleures U. P. parisiennes, et qui survécut à toutes celles qui s’édifièrent de 1895 à 1902. D’un esprit curieux, il avait pris, à la bibliothèque de l’U. P. tous les livres susceptibles de compléter les cours. Puis, attiré vers les questions sociales, il était entré dans la vie syndicale, dont il était devenu l’un des meilleurs militants. Marié à vingt-cinq ans, il avait toujours continué, depuis dix ans qu’il était en ménage, son action syndicaliste.

Ce matin du 3 août il était occupé à mettre de l’ordre dans ses papiers quand les deux ménages Bournef sonnèrent à sa porte. Ce fut sa femme qui vint ouvrir. Confuse devant les quatre visiteurs inattendus, elle appela précipitamment :

— Jacques ! Jacques ! viens vite.

Nul témoignage d’amitié ne pouvait être plus sensible que cette visite au cœur de Bourdeau. Il était très attaché aux deux frères, dont il admirait l’intelligence et la générosité.

Sans mot dire il serra les mains tendues vers lui. Puis il précéda ses visiteurs dans la petite salle à manger familiale. Un garçonnet, de l’âge de Pierre Bournef, lisait près d’une fenêtre. Une fillette de six ans peut-être amusait un tout petit assis dans sa chaise.

Jeanne et Louise, attendries, contemplaient les enfants.

— Asseyez-vous, dit Bourdeau, en avançant des chaises.

— Mon cher Bourdeau, dit Maurice, nous avons pensé à vous, hier, et nous sommes venus vous offrir