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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Demain je travaillerai encore, mais ce soir je ne serai plus qu’à toi.

Elle dit, tendrement grave :

— Oh ! mon ami, ne crois pas que je te fasse un reproche, surtout.

Il était revenu devant la toile.

— Oui, reprit-il, je veux finir cela. Si je pars mercredi, après tout, tant pis. L’essentiel pour eux c’est qu’on parte, ils ne chicaneront pas pour un jour…

— Voilà donc les misérables que nous sommes devenus, fit amèrement Maurice.

Cependant, le peintre s’était retourné vers la toile de La Frette. Presque amoureusement, il la prit, la transporta dans la baie du vitrage, et longuement encore la contempla.

— Ah ! s’écria-t-il, la lumière ! la lumière ! quelle beauté ! et dire qu’il y a des gens qui ne comprennent pas cela. Quand j’étais enfant je restais des heures à regarder les jeux de la lumière sur l’eau, sur les feuilles, sur les blés mouvants. C’est là un enchantement des yeux dont je ne me lasse jamais.

À ce moment un nerveux coup de sonnette retentit.

— C’est Louise, dit Léon, en se précipitant vers l’entrée.

Éliane s’était levée et disait à Jeanne :

— Nous dinerons ensemble, n’est-ce pas ?

Avant que Jeanne eut répondu, Louise et Léon entraient dans l’atelier. Louise était un peu haletante et paraissait bouleversée.

— Mon Dieu, s’écria Jeanne, qu’y a-t-il ?

— Je vous raconterai cela tout à l’heure, répondit elle.

Maurice avança la bergère qu’Éliane venait de quitter.

— Asseyez-vous Louise.

Celle-ci se laissa tomber dans le fauteuil.

— Je n’en puis plus, dit-elle.