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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Ça, nature. Mais quoi, ça n’est pas encore fait.

Maurice et Jeanne avaient réussi à gagner l’escalier.

— Toujours la même incertitude, fit Maurice. Que feront les autres ? toute la question est là.

Lorsqu’ils arrivèrent au bureau de la Fédération, ils trouvèrent Léon assis et causant avec deux socialistes bien connus.

— Je craignais que tu n’aies pu venir, dit Léon.

Puis s’adressant à Jeanne :

— Vous avez voulu l’accompagner ?

— Oui, puisque j’ai pu laisser maman avec les enfants.

— Asseyez-vous, Madame, dit un des compagnons de Léon, en apportant une chaise.

— Eh bien, questionna Maurice, s’asseyant à son tour, qu’allez-vous nous apprendre ?

— Pas grand chose, mon cher Bournef, dit le plus âgé des deux socialistes. La mobilisation est commencée depuis ce matin. Il semble qu’elle soit assez bien acceptée. Nos camarades partent calmes, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient enthousiastes. Assurément, ils n’ont rien de tous ces fous qui depuis hier clament « À Berlin » sur tous les tons. Mais ils partent sans remords, persuadés que l’agression ne viendra pas de notre côté, et que dès lors leur devoir est tout indiqué.

— Mais, les décisions de l’Internationale…

— Eh bien, elles sont respectées. À une guerre d’agression de notre part, les socialistes devaient répondre par le refus. Mais pour la défense du pays, il faut organiser la résistance à l’envahisseur.

— Cependant nous ne savons rien des conditions dans lesquelles se présente ce conflit. Entre l’Allemagne et nous il ne s’est rien passé qui justifie une guerre. L’assassinat de Serajevo à lui seul ne la justifie pas.

— Mais il y a les traités.

— Que nous connaissons mal.