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LA NOUVELLE ÉQUIPE

cerne. Le geste de Pierre ne risque pas de la blesser. Et il n’y a qu’elle qui puisse faire assez bonne garde autour de grand-père.

Jeanne s’était rendue aux raisons de sa fille. On s’était donc déterminé au mensonge. Avant de partir pour l’Allemagne, Pierre était allé, avec sa sœur, embrasser ses grands-parents à Saumur. Il avait trouvé son grand-père très souffrant de ses rhumatismes et de fort méchante humeur.

— Je suis presqu’aussi impotent qu’un paralytique, disait-il.

En toutes manières, d’ailleurs, le général Delmas déclinait. Il avait énormément vieilli depuis deux ans. La vue baissait, l’oreille devenait dure.

Dans un entretien qu’elle se put ménager avec sa grand’mère, Henriette avait prévenu Mme Delmas du désir qu’avait sa mère de lui confier certains projets qui devaient rester insoupçonnés du grand-père. Mme Delmas ne pouvant point quitter son mari, toute la difficulté était de trouver un prétexte à la visite de Jeanne. Mais les choses prirent, par la suite, une tournure providentielle pour tous. En septembre, les rhumatismes du général s’étaient tellement accrus que le docteur avait conseillé les bains de boue de Salies-de-Béarn. La visite de Jeanne avait donc eu des causes plausibles. Elle était venue au début d’octobre, quelques jours avant le départ de son père pour les Pyrénées. Elle avait pu s’entretenir avec sa mère et la mettre au courant des événements qui allaient s’accomplir. {Mme Delmas, qui était restée la femme de cœur que nous avons connue, et qui avait conservé un culte pieux pour la mémoire du gendre qu’elle avait aimé comme un fils, ne s’était nullement alarmée de la détermination de Pierre.

— Le vaillant enfant, avait-elle dit.

Elle avait été d’accord avec sa fille, pour convenir