Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/379

Cette page a été validée par deux contributeurs.
373
LA NOUVELLE ÉQUIPE

était la mère, l’autre la tante de l’accusé, mais encore parce qu’elles évoquaient la mémoire de deux hommes qui avaient réuni sur leurs noms l’estime, le respect, la sympathie, de tous ceux qui les avaient connus ou approchés.

Lorsque le président du Tribunal militaire demanda à Jeanne :

— Alors, vous approuvez la conduite de votre fils ?

Celle-ci, qui venait de faire sa déposition étendit la main dans la direction de Pierre, et répondit :

— Non seulement, je l’approuve, Monsieur le Président, mais j’en suis heureuse. Et je déclare hautement que j’apporte ici, dans mon témoignage, l’approbation de mon cher mari. L’acte de mon fils est, pourrait-on dire, la réalisation de la dernière pensée de son père.

La mère de Pierre ajouta :

— Si toutes les mères comprenaient leur devoir, elles seraient avec moi, à cette heure, pour apporter leur témoignage à celui qui se donne ici pour la libération de tous les fils.

— C’est bon, déclara rudement le président, vous n’avez à donner que votre propre témoignage.

Mais les paroles étaient dites.

Quand on demanda à Pierre ce qu’il avait à dire pour sa défense, le jeune homme répondit par quelques phrases très courtes.

— Je n’ai rien à demander. Je ne me défends pas. Je suis coupable devant la loi militaire, et ne me suis point dérobé, puisque je suis venu moi-même au devant d’elle. J’ai exposé, au début de la séance, toutes les raisons qui avaient dicté ma conduite. Je maintiens toutes ces raisons. J’attends sans faiblesse votre verdict. Je sais qu’il ne peut être différent de celui qui a frappé Jacques Salèze et je m’en réjouis. Trop souvent les travailleurs manuels ont eu l’amertume de consta-