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LA NOUVELLE ÉQUIPE

comme un troisième fils. Toutefois, on avait fait exception pour Jacques Bourdeau, dont l’amitié pour toute la famille Bournef avait la solidité d’un roc, et auquel Jeanne était attachée par tous les souvenirs qui les unissaient. Puis, le culte gardé à la mémoire de Maurice par le militant ouvrier était un lien de plus entre eux. La présence de Bourdeau rendait plus vivante l’image de celui dont Jeanne ne se consolait pas.

De toute l’Équipe, seul Bourdeau avait appris les doubles fiançailles qui étaient venues resserrer l’amitié des quatre jeunes gens. Il s’en était montré franchement heureux.

— Pour vous d’abord, avait-il déclaré, et pour l’Équipe ensuite. De cette manière il n’y aura pas de dislocation. Dans la vie d’un militant le mariage est toujours une chose grave.

Lui-même avait sujet de se réjouir. Son fils Robert, dont il était justement fier, allait épouser la fille de Marcel Lenoir, laquelle, en cette dernière année, s’était attachée au travail de propagande pacifiste poursuivi par la Nouvelle Équipe.

— Que les femmes s’en mêlent, disait le charpentier en fer, et tout ira bien, vous verrez. Quand les femmes veulent une chose, elles tiennent bon, elles vont jusqu’au bout de leur idée. Le petit maître Boncour a voulu les enrôler dans la guerre, elles ne peuvent pas mieux faire que de travailler pour la paix. Ce sera au moins une bonne manière de lui river son clou.

Jacques Bourdeau admirait Pierre Bournef. Lorsqu’il avait appris la détermination du jeune homme, son admiration avait oublié toute réserve et il avait embrassé le fils de Maurice avec une fougue qui les avait tous fait rire.

— Riez si vous voulez, avait-il dit, mais moi je ne suis qu’une vieille bête de brave homme. Je ne sais pas faire de beaux discours, alors…