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LA NOUVELLE ÉQUIPE

rons, ajouta-t-elle. Plus nous nous rapprocherons, mon Pierre, nous qui t’aimons, plus nous rendrons réelle ta présence au milieu de nous…


Jacques Salèze fut jugé le 28 octobre. Ce fut un beau procès, auquel Didier donna, par les soins de l’Équipe, tout le retentissement possible. Quelques personnalités bien connues du pacifisme, un prêtre catholique, un pasteur protestant, firent entendre leur témoignage. Mais le témoignage le plus hautement ironique fut celui de Roger Bournef. Ce beau et fort garçon, venant déclarer le motif de sa réforme, eut le don de mettre le tribunal de fort mauvaise humeur.

— Inaptitude morale ! vous voulez dire inaptitude physique, rectifia le Président.

— Faites excuse, Monsieur le Président, c’est bien pour inaptitude morale au service militaire que j’ai été réformé. Ma santé est excellente. Au reste, l’examen spécial de l’aviation m’avait reconnu propre à faire partie de ce corps, et l’on sait combien on y est difficile !

Le président, furieux, fit taire le témoin.

— Il n’y a pas d’inaptitude morale, cria-t-il, c’est un motif qui n’existe pas. Tout le monde n’aurait qu’à prétendre qu’il n’a pas d’aptitude morale, la France serait mise dans une belle situation. Je vous dis que c’est de l’inaptitude physique, moi.

Didier, qui était présent à titre de témoin, voulut ironiser. Il cria gaiement.

— Pas possible non plus, monsieur le Président. La Faculté est contre vous, elle a reconnu l’aptitude en physique du Professeur Bournef.

L’assistance éclata de rire, et le tribunal expulsa le témoin, dont la déposition, d’ailleurs, avait été entendue précédemment.

La condamnation de Jacques Salèze à une année