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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Attendons au moins de voir comment cela va s’arranger pour Jacques Salèze.

— Mais voyons, Didier, Salèze sera condamné. Dans l’état actuel du code militaire, il ne peut en être autrement. Son acquittement serait la reconnaissance, par la loi, de l’objection de conscience. Les juges sont ligotés par ce dilemme : punir toujours ou laisser à tous la liberté. Et ce ne sont pas les batailles que nous menons, depuis deux ans, avec l’Équipe et la revue, qui arrangeront les choses.

Didier sentait que toute objection serait pour la forme et ne se devait pas.

— Ainsi, continua Pierre, mon raisonnement est juste. Je serai arrêté et condamné, il ne faut pas s’attendre à autre chose. Donc, c’est dit, tu prends ma chambre, et…

D’un geste tendre il avait pris la main de son ami et l’avait mise dans celle de sa mère.

— … et tu me remplaceras ici le mieux que tu pourras.

— Cher Pierre, s’écria Didier, étranglé par l’émotion.

— Mon fils, dit Jeanne que les larmes aveuglaient.

Mais le jeune homme, à présent, les réunissait dans ses bras.

— C’est mon vœu le plus cher, dit-il gaiement. N’assombrissez pas les derniers jours que nous passerons ensemble. Didier est mon légataire… temporel, bien entendu, et toi, chère mère, l’exécutrice testamentaire.

Jeanne maintenant, avait dominé sa douleur.

— Il sera fait comme tu le désires, Pierre, n’est-ce pas, ami Didier ?

Alexandre secoua la tête, incapable de dire quoi que ce soit.

— Nous nous resserrerons autant que nous le pour-