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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Hé quoi, fit-il, vous me quittez si tôt ! Et notre propagande qui marchait si bien !

Avec la bonhomie cordiale qu’il savait prendre, Alexandre Didier l’avait consolé.

— Mais rien n’est perdu, Père Constant. Nous reprendrons ça l’été prochain. D’ailleurs notre programme touchait à sa fin.

— Oh, on aurait pu continuer encore.

— Mais puisque je vous promets de revenir. Je préparerai le terrain par une série d’articles dans La Nouvelle Équipe et nous étendrons notre action peut être à tout le département.

— C’est ça qui serait bien.

— Et ça se fera, je vous en réponds. Mais pour le moment une tâche domine toutes les autres : nous occuper de cette affaire Salèze.

Puis, tourné vers Jean, Didier avait ajouté :

— Puis après, nous occuper de Pierre.

— Tu as raison, Didier, il faut terminer ici pour cette année.

L’affaire Salèze, en se précisant, ramenait les deux amis à la pensée de leur jeune ami. Jean surtout, était très ému. Il aimait Pierre presqu’avec tendresse, comme ces natures farouches et fermées savent aimer quand leur cœur est pris. Lorsque, lui parlant de l’amour de Pierre pour Hélène, Didier lui avait dit que le jeune homme deviendrait tout à fait son frère, il avait répondu : « cela ne changera pas grand’chose. » Et c’était vrai. Pierre était son frère, en donnant à ce mot toute sa puissance. Même l’amour d’Henriette n’y changeait rien. Certes, il lui était doux de penser que des liens de tendresse réciproque entre eux quatre resserraient cette amitié. Mais Pierre restait toujours le centre, l’ami, celui avec lequel il semble qu’on ait mêlé sa personnalité. Et c’était là la profonde raison de la souffrance qu’il avait éprouvée devant la détermination de