Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
LA NOUVELLE ÉQUIPE

pas que nous nous séparions aussi brusquement.

— C’est que nous n’avons pas dit que nous ne rentrerions pas dîner.

Pierre eut une inspiration soudaine.

— Qu’à cela ne tienne, je vais aller prévenir votre mère.

C’était en effet facile. Les Tissier habitaient assez près des Bournef. À peine un quart d’heure de marche les séparaient.

Rapidement, le jeune homme se disposait à sortir.

— Allez-y donc tous les deux, dit Jeanne.

Dans le cabinet de travail, Didier, Jean et Henriette causaient.

Didier mettait Jean au courant d’une correspondance qu’il avait échangée au cours des deux derniers mois avec un vieux paysan de la Charente, qui faisait dans son coin une inlassable propagande pacifiste. L’hiver précédent, il avait imaginé de faire, dans sa petite commune, une consultation sur le désarmement. Il avait procédé avec le système du bulletin de vote, en se servant de la liste des électeurs, et avait obtenu une majorité en faveur du désarmement. La petite revue de l’Équipe, et le plébiscite organisé par nos amis, étant venus à sa connaissance, il avait écrit à Didier pour le mettre au courant de ses propres efforts. L’idée du paysan avait paru ingénieuse à Alexandre, qui s’était entretenu avec lui des moyens possibles de continuer la consultation en l’élargissant.

— Je n’ai point voulu vous entretenir de tout ceci pendant que vous étiez absorbés par vos examens. Mais j’ai songé sérieusement à aller faire un tour là bas pendant les vacances. Qu’en penses-tu, Jean ?

— Que la chose pourrait être étudiée, en effet.

— Ce n’est pas que je m’illusionne, poursuivit Didier. Mais pas un effort n’est négligeable. Il y a là un terrain tout préparé. Notre cultivateur est connu