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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— C’est une raison de plus pour que je demande pardon à Hélène, dit-il enfin. Car ma vie, qui devrait lui appartenir, j’en ai disposé pour une autre cause. Tous avaient compris. Mais déjà Hélène était debout, rayonnante, devant le jeune homme.

— Cher Pierre, dit-elle, si j’ai à vous pardonner, c’est pour une autre raison…

Et comme ses yeux à lui l’interrogeaient :

— Car vous avez douté de ma tendresse, Pierre, puisque vous n’avez pas cru qu’elle était capable de vous suivre jusque dans le renoncement ; puisque vous n’avez pas cru que je pouvais être près de vous pour servir cette cause.

— Hélène !

— Vous voulez imiter le geste de Jacques Salèze. Je le sais, je l’ai compris, et…

Sa voix faiblit, se fit tremblante.

— Et j’avais accepté, dit-elle.

Puis, tout son courage l’abandonnant, elle fondit en larmes. Jeanne s’élança vers elle, tandis que Pierre, s’agenouillant, prenait ses mains.

— Pardonnez-moi Hélène, redit-il.

Sans parler, Jeanne avait attiré la tête de la jeune fille sur sa poitrine, essuyait ses yeux.

— Mes enfants, dit-elle enfin, je n’avais pas prévu pour vous d’aussi cruelles fiançailles. Ce sera donc toujours la douleur qui aura raison ?

Mais Hélène s’était reconquise. Elle porta la main de Jeanne à ses lèvres.

— Non, mère, pour cette fois ce sera l’amour, dit elle, tandis que son visage s’empourprait.

Didier, Henriette et Jean, émus, n’avaient pas dit un mot. Mais lorsqu’Hélène eut prononcé cette dernière phrase, Alexandre Didier se sentit soudain délivré.

— Notre amie est dans la vérité, dit-il, c’est