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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Pierre !

— C’est peut-être vrai. Bien que je ne vous aie point fait l’aveu de ma tendresse, vous la connaissez, comme je connais la vôtre. Les cœurs qui s’aiment n’ont que faire des paroles.

Hélène, maintenant, les joues roses, le cœur battant, levait vers le jeune homme la flamme ardente de ses yeux.

— Nous nous aimons, mère chérie, poursuivit Pierre, et j’attendais la fin de mes études pour te le dire et te demander d’accueillir Hélène comme ta seconde fille…

— Oh ! c’était déjà fait, Pierre, interrompit Jeanne. As-tu pu croire que je n’avais pas compris votre amour ? Il y a longtemps que vous êtes unis dans mon cœur, car votre tendresse, mes chers enfants, est aussi vieille que votre amitié.

Hélène se livra dans un cri spontané :

— C’est vrai…

Jeanne sourit.

— Mais oui, c’est vrai, dit-elle ; c’est si vrai, mes enfants, que ton père, mon Pierre, l’avait pressentie cette tendresse…

— Mère !

— Mais oui. Et il m’avait dit que s’il ne se trompait point, il eût été heureux de nommer Hélène sa fille.

Le jeune homme paraissait bouleversé.

— Mon père, murmura-t-il… Mon père avait deviné cela à une époque où je ne lisais peut-être pas encore en moi-même. Ah ! mère, que je suis heureux. C’est un lien de plus entre mon père et moi. Je me sentais déjà tellement uni à sa pensée. À présent je comprends que nos cœurs aussi sentaient de même.

Il se tut. Un moment son visage se crispa dans une expression de douleur. Puis les traits se détendirent, reprirent leur douceur et leur fermeté.