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LA NOUVELLE ÉQUIPE

bénéficia. L’humeur de Charles Tissier s’adoucit.

Jean n’avait pourtant pas dit toute sa pensée en affirmant qu’il voulait surtout réussir à cause de son père. Il y avait en lui un autre motif qu’il ne s’avouait peut-être pas à lui-même ; mais la véritable joie qu’il eut de son succès, fut le regard heureux d’Henriette et le ton ému de sa voix lorsqu’elle lui dit sa satisfaction. C’était à cause d’elle qu’il avait ardemment souhaité cette réussite.

Pierre, lui aussi, était heureux. Mais son bonheur avait été voilé de tristesse. Celui dont il se sentait si profondément le fils, n’était plus là pour s’associer à leur joie. Il avait senti cette tristesse passer dans la voix de sa mère, lorsqu’elle l’avait serré dans ses bras.

— Mon Pierre, avait-elle dit, pensons à Lui…


Cependant, on pouvait remarquer qu’une préoccupation intérieure ne quittait point Pierre Bournef. Il semblait que la satisfaction des études, heureusement terminées, aurait dû apporter chez lui une détente, lui permettre une expansion de vie physique où sa jeunesse se serait donné libre cours. Il n’en était rien, il restait méditatif et soucieux.

Un jour, enfin, il se décida à parler. Ce fut exactement le 2 août, jour anniversaire de sa naissance. Il avait prié sa mère de réunir pour cette date, ses deux amis les plus chers, Hélène et Jean, et Alexandre Didier pour lequel il avait à présent une amitié admirative.

— Eux seulement, chère Maman, avait-il précisé. On avait déjeuné assez gaiement. Jeanne, que la date même reportait à quinze ans en arrière, s’efforçait de surmonter la tristesse des souvenirs pour s’associer à la jeune espérance de ceux qui l’entouraient. Hélène et Pierre, assis l’un près de l’autre, échangeaient parfois un regard plein de tendresse, et Alexandre