la guerre condamnée par l’individu, avant de l’être, officiellement, au nom de la collectivité.
— Je vous remercie. Alors, vous soutiendrez les objecteurs de conscience ?
— Sans doute ; d’ailleurs, nous les avons toujours soutenus.
Jean Tissier se leva.
— Je voulais préciser, dit-il. Nous soutiendrons les objecteurs de conscience, nous les défendrons. Mais nous ne préconisons pas l’objection de conscience comme l’unique forme de résistance à la guerre.
— Cela va de soi, répondit Didier ; chacun prend l’attitude qui convient à son caractère. L’essentiel c’est de résister à la guerre.
Jacques Salèze dit encore :
— Je vous remercie à nouveau. Je n’ai rien de plus à dire aujourd’hui…
Il se rassit. Les assistants le regardèrent, un peu surpris de cette interruption sans motif.
— Qu’a-t-il bien voulu dire, par sa question sur l’objection de conscience, disait un peu plus tard Alexandre Didier, s’en retournant en compagnie de Pierre et de Jean.
— Connaître notre opinion, vraisemblablement, dit Pierre.
— Je le remarque depuis quelque temps, reprit encore Didier. Il est sympathique. Il est intelligent, certainement. Il y a en lui quelque chose de méditatif qui retient la pensée. Je me demande qui ce peut être.
— J’ai posé la question à plusieurs d’entre nous, dit Jean ; personne ne le connaît. Un ami de Robert Bourdeau m’a dit qu’il devait être depuis peu à Paris.
— Un petit fonctionnaire, ou un employé, venant de la province, fit Pierre. Mais je suis de l’avis de Didier, il est sympathique.
Nos trois amis marchèrent un moment en silence.