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LA NOUVELLE ÉQUIPE

nous le réalisons un peu chaque jour, voyez-vous, en ruinant le prestige de l’armée, en dévoilant ses crimes, sa nocivité, ses ruses, les mensonges qu’elle couvre.

— En désarmant les cœurs aussi, ajouta Hélène.

— Surtout en désarmant les cœurs, charmante apôtre de la loi d’amour, qui ne peut pas avoir de plus gracieux défenseur.

Un regard tendre de Pierre enveloppa la jeune fille ; et Henriette demanda gaiement en se tournant vers Jean Tissier.

— La loi d’amour, notre spécialité, n’est-ce pas ?

Jean, à son tour, posa sur la sœur de Pierre un regard de gravité tendre, puis dit lentement :

— La loi d’amour est la loi universelle. Mais il vous appartient à vous, qui avez reçu la douceur en partage, de la rendre accessible et compréhensible aux hommes. Nous autres, nous sommes toujours un peu des brutes et des égoïstes. Il nous faut le rayonnement dont la maternité vous enveloppe pour comprendre le mystère du rythme universel.

Alexandre Didier, pensif, contemplait les deux jeunes filles. Une vision était passée en lui. Celle des deux jeunes sœurs de Frida, faisant le service de la table, le jour mémorable du repas fraternel. Il avait pensé, alors, qu’elles symbolisaient la vie. Jean ne venait-il pas de formuler la même pensée.

— Comme c’est vrai, murmura-t-il…


Cette année 1928 devait être féconde en événements de bon augure pour la cause de la paix. L’idée était en marche et, Didier l’avait dit très justement, quand l’esprit marche, il faut que le monde marche avec lui. Il y avait, dans le monde, des frémissements précurseurs qui lui donnaient raison.

— Les ondes de l’esprit de paix qui se répandent, disait Pierre.