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LA NOUVELLE ÉQUIPE

En ce mois de mai où nous les retrouvons, un événement mondial se préparait qui les remplissait de confiance et d’espoir. Le ministre français des affaires étrangères étudiait, en collaboration avec un éminent homme d’État Américain, un projet de pacte mettant la Guerre hors la loi. S’ils menaient ce projet à bonne fin, si les nations répondaient à l’appel en signant ce pacte, c’était, leur semblait-il, un bouleversement radical dans le statut moral du monde.

C’est de cette grave question qu’ils s’entretenaient, ce soir-là, chez les Bournef, dont l’appartement était décidément devenu le siège de La Nouvelle Équipe.

— Oui, affirmait Alexandre Didier, ce pacte Briand-Kellog, s’il peut vraiment se réaliser, sera quelque chose de magnifique, quelque chose que le monde attend depuis un siècle, depuis que l’anéantissement de la splendeur Napoléonienne a démontré le danger du militarisme. Il sera la réalisation d’une idée qu’il eût appartenu aux Chrétiens de la première époque de répandre dans l’humanité, s’ils ne s’étaient pas inféodés aux puissances politiques, dont ils se sont fait les alliés et les serviteurs. Car, cette image du Christ crucifié, n’est-ce pas au demeurant le symbole de cette idée de la guerre répudiée par la conscience ? Au lieu d’en faire une image de soumission, ce qui est faux, car le Christ était un révolté — un révolté pacifique, et il s’en trouve — il fallait en faire précisément l’image de la conscience posant le principe de la liberté morale de l’homme. Et la liberté morale de l’homme est affirmée par le Christ acceptant la mort plutôt que de se soumettre à la violence et aux vices de son époque. Si les Chrétiens l’avaient compris, voilà vingt siècles que la guerre serait hors la loi.

— Ne les accablez pas trop, Monsieur Didier, dit Jeanne. Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Les chrétiens des