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LA NOUVELLE ÉQUIPE

l’instrument aveugle obéissant au commandement des chefs.

— Pourtant, si on était attaqué ?

— Mais voyons, les grandes invasions, c’est du passé. Les guerres ne sont jamais des cataclysmes imprévus. Nous en avons eu la preuve dans ce travail des diplomaties que nous pourrions appeler la préméditation. Elle demande des années. Ensuite, les manœuvres sournoises et hypocrites ayant été opérées, il reste l’actif décisif : la déclaration. Nous savons avec quelle subtilité on la présente. Mais ce n’est pas tout encore : la guerre déclarée, il faut qu’elle soit acceptée par la partie adverse. Sans acceptation, point de guerre, on ne se bat pas tout seul.

Or, avons-nous jamais vu un gouvernement répondre par la non-acceptation ? L’honneur national prétend-on, ne peut pas ne pas relever le défi. C’est là un de ces arguments spécieux avec lesquels on fait marcher les peuples. Mais croit-on que si la France n’avait pas mobilisé le 1er août 1914, l’Allemagne lui aurait déclaré la guerre le 3 août ? La mobilisation, c’était l’acceptation tacite, et les maîtres du jeu l’entendaient bien ainsi. Mais si, par une inimaginable déraison, l’Allemagne avait malgré tout tenté une déclaration de guerre le 3 août, croit-on qu’elle eût pu mettre sa menace à exécution si la France avait répondu par la force d’inertie ? C’eût été chose impossible. L’agression brutale n’est plus un fait des temps modernes…

Alexandre Didier se tut. Un murmure approbatif avait ponctué ses dernières phrases. Et nulle autre question ne fut posée.

— Chers amis, dit Pierre Bournef, nous vous avons exposé notre thèse du désarmement dans tous ses développements, et nous vous demandons si vous êtes d’accord avec nous pour entreprendre une action de propagande réclamant le désarmement.