Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
LA NOUVELLE ÉQUIPE

En ce moment Marcel Lenoir se leva.

— N’oubliez pas, Grandjean, les intérêts économiques, la finance et le Comité des Forges.

— Je n’oublie rien, mon cher Lenoir. Et précisément j’allais aborder le sujet qui vous est cher.

Les causes économiques des guerres, nous les connaissons aussi bien que quiconque. Nous pensons d’ailleurs qu’on les exagère, mais ceci est un autre chapitre que je ne veux pas aborder ici. Nous connaissons les intérêts financiers qui poussent à la guerre, les dangers que font courir à la paix les potentats de la haute métallurgie. Nous savons tout cela. Si nous ne faisons pas jouer ces causes dans notre thèse du désarmement, c’est qu’en réalité elles restent toujours dans la coulisse et n’apparaissent jamais ouvertement. Ce sont peut-être des forces occultes ; mais ce sont toujours des motifs inavouables. On ne peut pas dire aux peuples qu’ils vont se battre pour Schneider et Krupp, pour les intérêts de la haute banque ou les rivalités commerciales. On leur donne des raisons plus nobles : intérêts de la patrie, honneur de la nation. Tous ces beaux arguments là, c’est la diplomatie qui les prépare en suscitant ces conflits que Tissier dénonçait tout à l’heure. De sorte qu’on peut dire que les chancelleries sont le creuset où s’élaborent les motifs de guerre, cependant que nos métallurgistes chauffent le creuset qui alimentera les batailles.

— Bravo Grandjean ! cria André Guérineau.

— Nous disons donc ceci : quand nous aurons enlevé l’armée à nos hommes politiques, nous aurons du même coup rendu inutile les trafics diplomatiques. Mais n’espérons pas le contraire. La suppression de la diplomatie secrète ne sera rendue réelle que par le désarmement.

Il en va de même pour les causes économiques. Les rivalités financières ne seront sans doute pas suppri-