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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Peut-on dire que c’est une guerre défensive, cette guerre prévue plus de deux ans à l’avance ? Jaurès voulait que tout conflit fût porté devant la Cour de la Haye, il le précise dans son projet ; mais, puisque c’est la diplomatie elle-même qui prépare les conflits, les fait naître, en détermine sournoisement les moindres phases, comment peut-on espérer qu’ils soient jamais dénoncés ? dénoncés par qui ? Si la diplomatie ne les avait pas suscités, il n’y aurait pas à les soumettre à un tribunal. Ce ne sont pas les peuples qui les font naître, ces conflits, ce sont toujours les gouvernements. Seulement, on ne l’apprend qu’après la bataille, nous l’avons bien vu. Demain ce serait pareil encore. C’est pourquoi nous devons rejeter définitivement l’hypothèse de la guerre défensive. Toutes les guerres sont offensives, voilà ce que la dernière nous a clairement démontré.

Le jeune orateur s’assit, un peu fatigué. Il n’avait pas pris encore l’habitude de la tribune.

Didier reprit :

— Voilà pourquoi nous avons pris une position nette : le désarmement. La voilà bien la vraie défensive, la défensive contre la guerre elle-même. Mais je passe la parole à Grandjean qui la demande.

— Naturellement, c’est pour m’associer à ce que viennent de déclarer nos deux amis. Mais j’ai entendu tout à l’heure, à la fin de l’exposé de Tissier, quelqu’un qui disait : « Il n’y a qu’à exiger la suppression de la diplomatie secrète ». C’est à cela que je veux répondre. Nous savons bien que c’est un leurre. Il y aura une diplomatie secrète aussi longtemps qu’il y aura une armée. L’une est le corollaire de l’autre. La diplomatie secrète est l’arme des dirigeants et la consécration de leur puissance. Les gouvernants sont trop intelligents pour ne pas savoir qu’il faut donner aux guerres des causes acceptables, la diplomatie y pourvoit.