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LA NOUVELLE ÉQUIPE

journal lui en dit — et nous savons comment la presse le renseigne — tous ces braves gens sur qui la guerre est tombée comme un coup de massue, nous n’allons tout de même pas prétendre que leur responsabilité est égale à celle des chefs de la politique, de la pensée et du travail.

Des applaudissements frénétiques éclatèrent.

— J’estime donc que c’est nous, à présent, nous qui serions responsables demain, qui devons constituer l’avant-garde de la paix. La Nouvelle Équipe s’est fondée pour jeter le cri d’alarme. Elle sonne ce soir le rassemblement. Nous ne voulons avec nous que ceux qui sont comme nous, animés d’une volonté irréductible : toute la paix contre toute la guerre.

L’orateur s’assit. Pierre Bournef, qui dirigeait les débats, demanda qui voulait parler.

Un jeune homme se leva sur cette invitation.

— J’applaudis aux paroles de Didier, dit-il. Toutefois je ferai des réserves. Cette loi Boncour, qui fait le fonds de la question que nous voulons débattre aujourd’hui, cette loi, en somme, n’est que la mise en vigueur du projet présenté par Jaurès dans l’Armée Nouvelle, projet que les socialistes avaient applaudi à son heure. Il y aurait peut-être lieu d’examiner si, dans ce projet, il n’y a pas quelques indications à retenir.

Jean Tissier prit la parole.

— Nous attendions cette objection, dit-il. Nous l’avons examinée et nous y répondrons. Pour notre part, nous estimons que si Jaurès avait traversé la guerre, il n’écrirait plus l’Armée Nouvelle. Lui, dont la pensée était si large, si claire, si compréhensive, lui qui avait pris l’habitude d’étudier tous les problèmes sociaux et politiques de très haut et dans toute leur ampleur, il aurait compris combien la dernière guerre a changé ces problèmes, et le bouleversement profond qu’elle a apporté dans la constitution du monde.