Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Pourtant, fit observer Jeanne, cette action est de grande utilité, à mon avis.

— Sans doute, Madame Bournef, je le pense absolument comme vous. Il faut, si possible, réveiller l’opinion publique, et, à l’aide de cette loi, faire comprendre le danger du militarisme qui nous menace plus que jamais. Mais le fait même de se borner à lutter contre le projet Boncour limite notre puissance d’action.

— Que c’est donc difficile de faire quelque chose, dit Pierre à son tour. L’année dernière, c’est la Fédération qui n’a pas pu s’organiser ; maintenant c’est ce comité d’action qui menace de rester en carence.

— Il est toujours difficile de grouper les gens pour une action commune, remarqua Jean.

— Pourtant fit amèrement Alexandre, on n’a qu’à faire battre les tambours pour qu’ils soient tous prêts à partir et à obéir.

— C’est qu’alors ils subissent la discipline à laquelle on les a pliés dès leur jeunesse, dit pensivement Jeanne. Ils n’ont plus à réfléchir, ni à décider. La pensée n’a plus à intervenir. Et voyez-vous, il est plus difficile de décider soi-même de sa vie que de laisser aux autres le soin d’en disposer.

— C’est la force morale qui fait défaut, dit Henriette.

— Pourtant c’est elle seule qui peut être efficace, ajouta Pierre. Mais on manque de confiance en elle.

Hélène Tissier posa doucement sa main sur le bras du jeune homme.

— Heureusement que la Nouvelle Équipe est là, dit-elle.

Pierre prit la main de la jeune fille, la glissa sous son bras. Puis, rasséréné par cette présence qui lui était chère, il dit presque gaiement.

— Bien sûr que c’est heureux. La « Nouvelle Équipe » montrera la route. Il n’en faut pas plus pour donner l’impulsion. Il en est des consciences comme des