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LA NOUVELLE ÉQUIPE

blement groupées à l’écart des autres. L’une d’entre elles se leva. Elle était grande et très élégante. Elle portait, très apparente sur sa poitrine, la rosette de la Légion d’Honneur.

— Je parlerai, dit-elle, au nom de la « Ligue pour la Revendication des droits politiques des femmes ». Nous estimons en effet que cette question doit être éclaircie. Nous estimons qu’appeler les femmes à la défense du pays, c’est leur faire un grand honneur. Nous estimons aussi que les femmes ne doivent rien à leur pays, si celui-ci ne reconnaît pas leurs droits.

La jeune femme qu’on avait appelée Noélie Drous était restée debout.

— C’est de bon commerce, fit-elle avec ironie. Donnant, donnant. Votre patriotisme ne va pas jusqu’à la gratuité.

L’autre se redressa, et dit avec hauteur :

— Nous voulons bien accepter des devoirs, mais nous voulons qu’on reconnaisse nos droits.

— Autrement dit vous acceptez d’être soldats si l’on vous accorde les droits de suffrage.

— Mais oui. Qu’y a-t-il là d’extravagant ? C’est exactement la situation politique des hommes : Citoyens et soldats. Nous ne demandons que l’égalité : citoyennes et…

— Soldates ! cria Jean Tissier. Bravo !

La jeune femme brune avait croisé ses bras sur sa poitrine. Le feu de l’indignation brillait dans ses yeux.

— Je suis heureuse, Madame, de cette déclaration qui précise nos positions. Moi aussi j’ai bataillé pour les droits politiques des femmes, mais je tiens à dire ici que si c’est dans le sang des champs de bataille qu’il nous faut aller ramasser le bulletin de vote, je fais des vœux pour que nous ne l’obtenions jamais.

Des applaudissements frénétiques éclatèrent.

Noélie Drous continua :