Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Louise Bournef se rassit. Impressionné, l’auditoire faisait silence.

Une femme s’était levée à son tour.

— Je crois, dit-elle, qu’on a voulu simplement faire remarquer ici l’illogisme de cette loi en ce qui concerne les femmes. Les hommes sont citoyens, ils votent les lois ; on peut dire qu’en obéissant aux lois militaires ils obéissent à eux-mêmes. Les femmes ne sont rien dans la nation ; en les mobilisant on les traite en esclaves.

— Je comprends bien, dit Louise. Je poserai donc ma question différemment : y a-t-il ici des femmes qui accepteraient d’être mobilisées si elles jouissaient des droits politiques ?

— Cette question est en dehors de ce qui nous intéresse, déclara une vieille dame qui dévisageait Louise à l’aide de son face à main.

En ce moment une jeune femme brune se leva brusquement de son siège.

— Cette question est importante, dit-elle ; et je demande qu’on y réponde. Nous sommes ici pour une action qui demande malgré tout une certaine communauté d’idées. On peut opter pour le désarmement ou pour d’autres méthodes. Mais pour nous, femmes, qui n’avons jamais subi la loi militaire, il est important que nous examinions devant notre conscience si nous accepterions d’être militarisées ?

Andrée Jouve répondit :

— Noélie Drous a raison : la question doit être posée. Pour ma part je réponds que si la loi Boncour est votée, je me déclarerai, le même jour, objecteur de conscience.

— Merci, répondit Louise Bournef.

— Vous ne serez pas seule, ajouta Henriette.

Cependant des chuchotements assez violents s’échangeaient entre quelques femmes qui s’étaient ostensi-