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LA NOUVELLE ÉQUIPE

tous les groupes qui sont adversaires de cette loi à s’unir dans une même action. Mais ces groupes ont des buts et des programmes différents. Ils ne sont pas tous partisans du Désarmement. C’est pourquoi il est nécessaire que nous nous en tenions à cette action unique : protester et lutter contre le projet de loi Paul Boncour.

La salle se divisa ; les uns approuvaient la déclaration de Gabrielle Duchêne, les autres se rangeaient avec Didier et Grandjean. On ne s’entendait pas.

Alexandre Didier reprit la parole.

— Je comprends parfaitement les arguments de Mme Duchêne, dit-il très posément ; et je les accepte en ce qui concerne le Comité. Mais je tiens à déclarer que nous autres, si nous nous associons au Comité d’action contre la loi Boncour, c’est parce que nous sommes contre toutes les formes du militarisme, et pas seulement contre le projet actuel.

— Nous l’entendons bien ainsi, Didier, cria Andrée Jouve ; et vous savez que, personnellement, je suis entièrement avec vous.

Le calme s’était fait.

— Quelqu’un a-t-il des propositions à faire, demanda Camille Drevet.

Louise Bournef se leva. La veuve de Léon n’avait jamais quitté le deuil. De taille élancée, elle paraissait grandie encore par sa maigreur. Quelque chose de tragique émanait d’elle.

— J’ai des précisions à demander, dit-elle. Voici une des feuilles de pétition de la Ligue. Il y est dit ceci : « Que cette loi permet de disposer de la vie et de la conscience des femmes, sans leur consentement, puisque celles-ci ne jouissent pas de leurs droits politiques. » Cela veut-il dire que si les femmes jouissaient de leurs droits politiques elles accepteraient le projet Boncour ? Je voudrais qu’on réponde à ma question,