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LA NOUVELLE ÉQUIPE

milièrement du diminutif de Rolf. La mère s’était éteinte doucement en pressant sa main.

Quelques jours avant sa mort elle avait appelé autour d’elle les membres de sa famille, et leur avait confié son vœu suprême. L’enfant serait emmené en France, par Alexandre Didier qui veillerait à son éducation et dirigerait ses études. Elle désirait qu’il conservât sa nationalité et qu’ayant appris à comprendre et aimer la France, il revînt, devenu homme, dans son pays pour y travailler au rapprochement des deux peuples.

Dans la crainte de difficultés de la part des siens, elle avait ajouté :

— C’est ma volonté formelle.

— Il sera fait comme tu le demandes, ma fille, lui avait répondu Martha Steinitz.

Avant de le quitter pour toujours elle avait dit à Alexandre :

— Je vous donne mon fils. C’est tout ce que je pouvais vous donner de moi-même, et c’est tout mon amour.

On devine dans quel état douloureux Alexandre Didier était revenu. Après la mort de Frida, il s’était demandé : que vais-je faire ? non point que la pensée de se dérober au vœu de la morte l’eut un moment effleuré. Mais, comment assurerait-il à l’enfant les soins maternels que son âge réclamait encore ? Dans le désarroi de son esprit, il avait songé à Jeanne Bournef et lui avait écrit, lui confiant toute cette histoire. Il ne pouvait pas, disait-il, mettre l’enfant sous la garde de ses parents ; il y trouverait certainement de l’affection, mais ils étaient trop âgés, trop étriqués dans leur existence, trop cristallisés dans leurs manies et dans leurs habitudes. L’enfant étoufferait près d’eux.

Jeanne avait répondu : « Amenez-nous le petit Rolf. Nous aviserons ensemble. Et ne craignez rien, nous aimerons votre fils d’adoption. »

C’était vrai. Le petit garçon avait été accueilli à