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LA NOUVELLE ÉQUIPE

jeune fille. Je ne l’ai presque pas vu encore. Je veux le garder un moment sur mes genoux.

Maurice s’exécuta, pendant que la petite Henriette venait se blottir près de sa mère.

— Petite chérie, fit câlinement Jeanne en attirant l’enfant près d’elle, sur la chaise longue, tu as été bien privée de ta maman depuis quelque temps.

Cependant Éliane Bournef s’extasiait sur la beauté du nourrisson.

— Voyez comme il est fort, s’exclama-t-elle. J’ai glissé mon doigt dans sa menotte, et il le serre comme pour m’empêcher de l’enlever. S’il continue, ce sera un jeune Hercule.

— Il continuera, pronostiqua le général ; je vous prédis que ce sera le plus bel officier de son époque.

— Vous croyez donc qu’on en fera un officier, général, demanda Éliane.

— Hé ! je l’espère bien. Le dernier descendant des Delmas, mon petit-fils.

— Je ne crois pas que Maurice sera de votre avis, déclara la jeune fille, qui ne remarquait pas l’embarras de son frère.

— Pourquoi cela, je vous prie ?

— Il préférera sans doute qu’il suive la même voie que lui.

— Je ne la rabaisse pas, croyez-le bien. Mais il me semble que la carrière des armes est la plus noble de toutes, celle qui assure le mieux la grandeur d’un pays.

Éliane allait répondre, quand Léon intervint.

— Voilà des discours puérils, dit-il gaiement. Dans vingt ans, si vous le voulez, nous reprendrons cette discussion.

— Avant vingt ans, Monsieur Bournef, reprit aimablement le général. D’ordinaire, on se préoccupe