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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Alexandre Didier s’était juré de travailler à la paix du monde. Le droit devenant une arme de paix, il optait pour le droit. Dès janvier, courageusement, il se remettait aux études, et en juin 1925 il passait sa thèse. Le père Didier rayonnait, son fils était docteur en droit.

La guerre du Maroc battait son plein. Le militarisme allait croissant dans toutes les grandes nations d’Europe. Le bellicisme redressait la tête et la folie des armements hantait tous les gouvernements. Une dépression terrible avait succédé à la fièvre de la victoire. Les esprits étaient comme plongés dans une mauvaise léthargie. Faudrait-il le canon pour les en réveiller ?

Sa thèse finie, Alexandre Didier, qui avait un grand besoin de repos, était allé passer les mois de juillet et d’août chez ses amis du Wurtemberg. La santé de Frida n’était pas bonne, et le petit garçon, maintenant, approchait de sa dixième année.

— Si je lui manquais, dit un jour la mère, en s’adressant à Didier, je désire qu’on vous le confie.

Il comprit sa pensée et serra la main de Frida.

— N’est-il pas mon fils, dit-il.

En septembre il rentrait à Paris, désireux de suivre les travaux du Congrès de la Paix que, par une dérision criante d’ironie, on avait placé sous la présidence d’honneur de Paul Painlevé, ministre de la guerre. Le Congrès l’exaspéra.

— Vraiment, déclara-t-il peu de jours après, au milieu d’un groupe d’étudiants et d’universitaires, il serait grand temps de prouver aux Peuples qu’il y a en France un autre pacifisme que celui des adeptes du Congrès de la Paix.

Des approbations répondirent à cette déclaration.

— Je vous jure, continua-t-il, que je vais travailler à donner cette preuve. Ceux qui se sentent de taille à