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LA NOUVELLE ÉQUIPE

il s’était beaucoup rapproché d’elle. Il y avait maintenant entre eux un lien de vive sympathie. L’échange des pensées et des sentiments leur avait appris combien ils étaient près l’un de l’autre. Frida Gurtner avait l’âge d’Alexandre ; elle avait fait de bonnes études. Elle était devenue, pour le jeune homme, une compagne intellectuelle dont il appréciait la société.

Il avait compris qu’elle était très attachée à son mari, dont elle lui avait beaucoup parlé ; dont elle lui avait lu souvent de longues pages. Il avait pu admirer la saine raison de Frantz Gurtner, dont les sentiments élevés étaient à l’unisson de ceux de sa femme. Il mesurait la douleur de l’épouse par son propre accablement.

— Je lui apprendrai cette mort ce soir, disait Martha Steinitz, quand le petit sera couché, et que je serai seule avec elle.

Le lendemain de ce jour, Alexandre était dans la salle commune avec Martha, quand Frida entra, le petit enfant sur son bras. Elle était pâle, et ses yeux brillaient dans son visage défait.

Brusquement, Didier s’était levé de son siège. Il vint vers elle les mains tendues.

Mais elle, soudain, s’était redressée. Sans voir le geste de paix, elle dit froidement :

— Monsieur Didier…

Il comprit.

— Pardon, amie douloureuse, pardon pour ceux qui ne savent pas. Vous qui savez, ne soyez pas sans pitié. C’est l’ignorance, vous le savez bien, l’ignorance et le mensonge qui font le mal.

La jeune femme se détendit. Des larmes maintenant coulaient sur ses joues. Didier mit un genou à terre devant elle.

— Pour que l’amour soit encore possible entre les hommes, pardonnez.