Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Oui, dit le malade ; mais le temps passe et son état s’aggravera encore.

— Que faire pourtant, dit Jeanne. Nous sommes absolument impuissants.

— Je le reconnais. Et c’est pour cela que le malheureux enfant est condamné… il est condamné autant que je le suis moi-même.

Tous s’étaient tus.

Un long moment, Maurice les considéra. Une douleur poignante contractait son visage amaigri.

— Mes enfants, dit-il, la guerre pèse lourdement sur nous tous. Sur moi qu’elle achève de tuer, sur ce généreux enfant dont elle vient de faire un martyr, sur votre jeunesse qu’elle menace.

— Père, dit gravement Pierre, nous la regardons en face, et nous sommes bien résolus à la combattre.

— Nous la combattrons, dit Jean à son tour.

— Nous la combattrons, ajouta Henriette.

— Oui, mes enfants. Seulement n’attendez pas. N’attendez pas que son fantôme soit à vos portes. N’attendez pas qu’il soit trop tard… Quand elle a parlé, il est trop tard.

Il tendit sa main vers Jeanne.

— Tu t’en souviens, toi… tu le leur diras.

Déjà Jeanne était près de lui, attirait contre sa poitrine sa tête accablée.

— Ne parle plus, mon ami, cela te fatigue.

Il fit un effort.

— Non. Je veux parler. Qui sait si je les aurai encore là, tous les quatre… Hélène et Jean vous êtes un peu mes enfants aussi. Il faut que je vous dise…

Jeanne essuyait le front moite.

— Oh ! j’ai de la force encore, dit le malade. Arrange seulement un peu les oreillers sous ma tête.

Puis, quand ce fut fait.

— Voyez-vous, il y a dix ans on nous a dit : la mobi-