Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
LA NOUVELLE ÉQUIPE

lui eût été donné de vivre encore il l’aurait volontiers appelée sa fille.

La conversation s’établit, une de ces conversations de chambre de malade, où il semble qu’on prenne soin de ouater ses paroles. Ce mois de septembre était très beau, le jardin ensoleillé était plein de chants d’oiseaux.

— À propos, demanda soudain Maurice, a-t-on des nouvelles de Pagnanon ?

Jean répondit.

— Celles que nous avons ne sont pas réconfortantes, Monsieur Bournef, et c’est pour cela que je ne vous en ai point parlé. L’un des députés avec lesquels Mme Bournef m’a mis en rapport vient de m’aviser que le Directeur de l’Asile de Saint-Robert concluait bien à la folie. D’autre part une ancienne directrice d’École de La Mure, qui a connu Émile tout enfant, a obtenu de la mère l’autorisation de lui rendre visite. Elle est donc allée le voir. Elle l’a trouvé un peu surexcité, exalté. Il a pu cependant lui faire un récit très détaillé des événements depuis son arrestation. Ce récit est très bien et tout s’y enchaîne parfaitement, si j’en juge par la lettre de cette dame que j’ai eue en ma possession. Il proteste contre l’accusation de folie, mais il est, dit la narratrice, dans un tel état d’ébranlement nerveux, qu’il dessert lui-même sa cause.

Maurice interrompit le jeune homme :

— Je vous l’avais dit. C’était à prévoir. Cette épreuve, après celle de son voyage dans le Nord, il y a bien là de quoi porter atteinte à sa santé. Mais hélas ! cela donne raison à la sentence qui l’accable.

Jean ajouta :

— Je crois que la Ligue s’en occupera cet hiver. D’autre part, Halvard Lange m’annonce sa visite pour novembre et manifeste l’intention de s’occuper activement de lui.